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Santé du coeur et alcool : qu’en pense les médecins ?

Santé du coeur et alcool : qu’en pense les médecins ?
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Mauvais pour le cœur l’alcool ? Entre les médecins qui le bannissent et ceux qui en recommandent – un peu –, choisissons la bonne dose ! C’est ce que propose le cardiologue Yves Juillière, professeur des Universités en cardiologie et maladies vasculaires à la Faculté de médecine de Nancy.

Heureux le vin qui « tombe dans le gosier d’un homme…  », heureux l’homme –  ou la femme – qui le reçoit ! Responsable de l’Unité Insuffisance cardiaque et éducation thé- rapeutique à l’Institut Lorrain du Cœur et des Vaisseaux du CHU de Nancy-Brabois, ce n’est pas le cardiologue Yves Juillière qui fustigerait Baudelaire. Le professeur confirme les bons effets de l’alcool sur le cœur, à toutes petites doses, et pas chez tout le monde.

10 à 15 g d’alcool pas plus !

Oui, le vin « aime nos chaudes poitrines » et nous aurions raison de l’aimer. Car il est bon pour nos coronaires, les principales artères qui irriguent l’organisme. Pas seulement le vin d’ailleurs, mais l’alcool qu’il contient et qu’on trouve encore dans la bière, ou le whisky, ou le pastis, prône notre cardiologue. Dix grammes d’alcool, soit un petit ballon de vin rouge par jour (un pour les femmes, deux pour les hommes).

Pas plus ! Toutes les études concordent : l’alcool réduit la mortalité cardiovasculaire. Le vin rouge a un atout supplémentaire : il contient des flavonoïdes, molécules réputées pour leurs vertus antioxydantes. Elles font baisser le « mauvais » cholestérol, le LDL. Mais ce sont bien les composants alcooliques qui ont un effet favorable sur la baisse de la thrombose et de l’agrégation plaquettaire. Je vais renouveler mon stock d’apéros.

Gare à l’insuffisance cardiaque et aux AVC

Bon pour le cœur et ses vaisseaux l’alcool, mais pas pour le reste ! Alors si vous en abusez, gare à l’accident vasculaire cérébral. Conseil du professeur : tout le monde devrait prendre un tout petit peu d’aspirine le soir avant de dormir, pour fluidifier le sang, à titre préventif. Et puis, sport, marche : rien ne remplace leurs effets bénéfiques. La sédentarité reste le pire ennemi de notre organisme et de notre cœur. Tout comme la malbouffe.

Non l’alcool ne se substituera jamais à une hygiène de vie. Et il induit d’autres pathologies comme l’hypertension artérielle et des troubles du rythme cardiaque. Rien moins ! L’alcool peut être responsable du développement d’une cardiomyopathie dilatée, une « CMD », altération de la contractilité ventriculaire gauche. L’excès d’alcool nocif pour le ventricule gauche Le ventricule gauche c’est celui qui travaille le plus, il envoie du sang dans les artères, tandis que le ventricule droit se contente de le réceptionner, et c’est quasiment toujours sur le gauche que tombe un infarctus.

Bref, ce ventricule se fatigue puis se contracte mal, ce qui finit par dilater ses cavités. L’absorption aigue d’alcool entraîne ainsi une chute rapide de la capacité d’éjection de ce ventricule, et elle redevient normale une fois l’alcool éliminé.

« Les gamins qui font la fête, boivent à jeun de façon immodérée, subissent cet effet aigu de l’alcool pour peu qu’ils répètent leurs habitudes, l’effet devient chronique », déplore le professeur Juillière.

C’est ainsi que les cardiologues voient aujourd’hui des cardiomyopathies dilatées chez des jeunes.

Même certains patients cardiaques pourraient boire

La cardiomyopathie dilatée aboutit à l’insuffisance cardiaque.

Et pourtant ! La consommation alcoolique régulière par semaine – toujours à toutes petites doses bien sûr – diminue le risque d’insuffisance cardiaque. Après une « dysfonction ventriculaire gauche secondaire à un infarctus myocardique, la consommation légère d’alcool et plus particulièrement de vin rouge réduit significativement le risque de développer une insuffisance cardiaque », constate le professeur. Explication : le vin rouge grâce à son resvératrol (la molé- cule « anti-âge » que contiennent aussi le raisin, les mûres ou les cacahuètes), antioxydant tous azimuts, boosterait une molécule, la sirtuine, facteur de longévité.

Il existe 7 sortes de sirtuine avec des indications contre l’athérosclérose ou la thrombose. Je commande ma caisse de Bourgogne ou de Bordeaux.

Une prédisposition génétique à l’alcool

Il existe certainement une sensibilité particulière à l’alcool, qui entraine une dépendance. Comme pour le tabac. Tous les gens qui boivent n’auront pas une pathologie hépatique, une cirrhose, ou un infarctus. Nous ne sommes pas égaux devant la maladie, pas égaux devant l’absorption d’alcool. Alors, inutile d’en abuser. L’alcool est bon pour les coronaires, le vin rouge protège les artères. Las !

Calmons-nous : l’alcool à hautes doses induit directement une pathologie digestive et des cancers. Dangereux pour l’œsophage, l’estomac, le colon et la sphère ORL. Même en petites quantités, si vous appartenez à une famille à risques de cancer digestif ou du colon, mieux vaut n’en boire qu’exceptionnellement !

Pas tous les jours, le petit verre cordial et doux au palais, captant « l’âme du vin qui chantait dans les bouteilles ». Vive Baudelaire !

 

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