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Le boom de l’activité physique et du sport sur ordonnance

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Le boom de l’activité physique et du sport sur ordonnance
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Tout le monde sait que l’exercice est bon pour la santé. Ce qui est en revanche moins connu, c’est que maintenant les médecins le prescrivent. Et que des hôpitaux s’organisent pour le proposer.

En octobre dernier, un nouveau Pôle Sport & Cancer était inauguré à l’Institut de cancérologie de l’Ouest, à Nantes. Et d’ici à la fin 2018, pas moins de cinq autres structures du même genre verront le jour. « Le but est d’amener les patients à faire de l’activité physique en complément de leur traitement, pour mieux combattre leur maladie », explique Jean-Marc Descotes, cofondateur de l’association Cami Sport & Cancer.

En effet, de plus en plus d’études le confirment : outre son action pré- ventive contre certaines maladies, l’exercice peut avoir de remarquables vertus thérapeutiques. Et pas seulement en cas de cancer.

Quel est l’objectif d’une activité physique “médicale”?

C’est très différent du sport. On n’est pas ici dans la recherche de la performance, encore moins dans la compétition. C’est pour améliorer la santé des patients que l’activité physique est encouragée par les médecins. Dans la plupart des cas, les malades retirent un bénéfice de la pratique régulière d’une activité physique. « C’est particulièrement utile chez les personnes présentant un diabète ou une maladie cardiovasculaire, en cas d’hypertension artérielle ou après un infarctus », explique le Pr Martine Duclos, endocrinologue.

Mais pas seulement : « Cette efficacité est aussi bien démontrée pour la dépression, l’anxiété et la fibromyalgie (douleurs diffuses dans tout le corps) », souligne le Dr Stéphanie Ranque, médecin au Centre d’évaluation et de traitement de la douleur de l’hôpital de la Timone (Marseille).

Que peut-on en attendre de ces prescriptions?

L’activité physique peut atténuer les symptômes de la maladie, ralentir sa progression, diminuer le risque de complications, prévenir les récidives et donc ré- duire le risque de mortalité lié à la maladie. Elle peut aussi limiter les effets secondaires des traitements, dont la fatigue et la somnolence, ainsi que les symptômes découlant de l’alitement comme la dépression, la fonte des muscles ou les maux de dos. Enfin, l’exercice contribue au bien-être émotionnel. D’où une meilleure qualité de vie générale.

Pour les maladies cardiovasculaires, c’est un traitement à part entière?

« L’activité physique fait partie intégrante du traitement des maladies coronaires (angine de poitrine, infarctus…), de l’insuffisance cardiaque et de l’artérite des membres inférieurs (obstruction des artères des jambes) », souligne le Pr François Carré, cardiologue au CHU de Rennes. Des études ont montré qu’elle réduit la fréquence cardiaque, régule la pression artérielle et favorise la dilatation des artères. Ce qui ralentit la progression des maladies cardiovasculaires et diminue de 30 % en moyenne le taux de mortalité lié à ces pathologies.En cas d’artérite et d’insuffisance cardiaque,après unAVC (accident vasculaire cérébral), elle améliore le quotidien.

Et dans le cas des cancers?

L’activité physique diminue les taux de rechute et de décès dus au cancer de 40 à 50 % en moyenne. « C’est bien démontré pour les cancers du sein, du côlon et de la prostate. Cependant, c’est sans doute également vrai pour d’autres cancers,à l’exception de ceux qui sont liés au tabac (poumon et ORL) », précise le Dr Thierry Bouillet,cancérologue.L’exercice réduit aussi la fatigue liée au cancer et au traitement, de 20 à 40 % en moyenne.« C’est même le seul traitement validé de la fatigue », insiste le spécialiste.Et ce n’est pas tout!

« L’exercice améliore significativement d’autres éléments de vie très impactés par le cancer, comme la façon dont le patient se projette dans la vie, la manière dont il interagit avec les autres et avec son corps, ainsi que l’estime de soi. »

Qu’en est-il pour le diabète et l’obésité?

Dans le cas du diabète de type 2,l’exercice diminue la glycémie (taux de sucre dans le sang). « Ce qui peut permettre d’arrêter le traitement lorsque la maladie est d’apparition récente;et de baisser les doses de médicaments dans le cas de diabètes plus anciens », précise le Dr Duclos.

À long terme, l’activité physique réduit le risque de développer des complications graves : insuffisance rénale, atteinte des nerfs des jambes,cécité… Le taux de mortalité lié au diabète est ainsi diminué de 10 à 20 %. Dans l’obésité, «L’activité physique réduit aussi le risque de survenue de complications associées à cette pathologie,comme les maladies cardiovasculaires (– 30 %) et les cancers (– 25 %) »,résume le Dr Duclos.

En pratique, comment ça se passe?

Les séances sont encadrées par des professionnels de santé ou des professionnels formés à l’activité physique thérapeutique.

Celle-ci est prescrite après un bilan de santé complet et doit être adaptée à la maladie, aux capacités physiques, mais aussi à la sécurité et aux goûts du patient. « Par exemple, une personne qui a fait un accident vasculaire cérébral peut se limiter à quelques minutes de marche rapide. En revanche, un cycliste aguerri qui a souffert d’un infarctus peut, lui, reprendre le vélo comme avant », estime le Pr Carré.

En moyenne, compter au moins deux ou trois séances par semaine de 30 minutes ou plus,pendant au moins 6 mois,l’idéal étant de continuer à vie.Les séances peuvent être prises en charge par la Sécurité sociale si elles sont encadrées dans des structures médicalisées, comme un hôpital.

Les généralistes peuvent aussi prescrire du sport sur ordonnance en France


Tout médecin traitant peut prescrire une activité physique adaptée à ses patients atteints d’une affection de longue durée : cancer, insuffisance cardiaque, diabète de type 2…

Si le patient ne présente pas d’altération importante de ses capacités (surdité profonde, fatigue invalidante, altération des fonctions cérébrales…), il peut suivre des cours dans une salle de fitness classique ou avec un coach individuel. À noter : même sur ordonnance, les séances ne sont pas remboursées…

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